24h/24 - 7j/7
24h/24 - 7j/7
Chez le chien, qui est digitigrade (il marche sur les doigts), la corde du jarret est plus complexe que le tendon d’Achille de l’homme. La corde du jarret est constituée de 5 tendons. Quatre d’entre eux s’attachent sur le calcaneum (ou talon) et le dernier se prolonge sous le talon jusqu’aux doigts.
La composition du tendon d’Achille :
– le tendon du muscle gastrocnémien, le principal, s’insère sur le calcaneus.
– le tendon du muscle fléchisseur superficiel des doigts, dont une partie s’insère sur le calcaneus et une partie se prolonge sous le talon jusqu’aux doigts permettant leur flexion.
– les 3 autres tendons sont mineurs: tendons combinés des muscles gracile, semi-tendineux et biceps fémoral.
La rupture du tendon d’Achille peut être partielle ou complète. La rupture complète est d’origine traumatique souvent suite à plaie lacérante profonde. La rupture partielle est quant à elle souvent non traumatique mais fait suite à une usure chronique.
Certaines maladies, comme le syndrome de Cushing, peuvent induire une laxité ligamentaire et tendineuse et être ainsi associées à une plantigradie. La recherche des signes associés à ce syndrome est donc nécessaire au cours de la consultation (abdomen penduleux, prise de boisson augmentée, augmentation de la fréquence de miction, appétit augmenté, …)
Certaines races comme le Dobermann et le Labrador retriever sont considérées comme prédisposées.
Rupture partielle : la déchirure concerne dans la majorité des cas le tendon du muscle gastrocnémien. Dans ce cas, on observe une légère plantigradie (marche à plat avec le talon abaissé par rapport au sol), associé à un recroquevillement des doigts (position de « grapin ») (cf Photo 1) dû à la tension résultante exercée sur les doigts par le muscle fléchisseur.
Rupture complète (cf Photo 2): elle concerne les 5 tendons formant le tendon d’Achille, et résulte le plus souvent d’une plaie de lacération. On constate alors une boiterie sévère avec une forte plantigradie : le talon du chien vient s’appuyer au sol lors de la marche. Des blessures au niveau du talon sont parfois visibles.
Un examen clinique rigoureux et l’évaluation de la démarche sont la clef du diagnostic. L’évaluation de la symétrie de la position des membres postérieurs (la mesure des angles articulaires notamment) est importante. Un gonflement au niveau du site d’insertion des tendons sur le calcaneum peut être noté.
La réalisation d’un examen radiographique permet de visualiser une éventuelle avulsion osseuse et d’exclure une fracture ou une autre affection ostéo-articulaire.
Une échographie des tendons permet de bien évaluer la zone de lésion, ce qui est particulièrement utile pour planifier la chirurgie lors de rupture partielle. (photo 3)
Une IRM pourrait aussi permettre de bien évaluer les tendons mais elle reste un examen plus lourd (anesthésie, coût plus important) et est donc souvent évitée au profit de l’échographie.
Rupture complète :
Une intervention chirurgicale est toujours nécessaire. On réalise une suture spéciale permettant de lier les tendons entre eux. Une prothèse tendineuse peut être ajoutée. Lorsque le tendon du gastrocnémien est désinséré du calcaneus, les sutures sont ancrées dans l’os. Puis l’articulation du tarse (la cheville) doit être immobilisée en extension pendant 6 à 8 semaines pour permettre la cicatrisation des tendons, soit par une vis entre le calcaneus et le tibia, soit par un fixateur externe, soit par un bandage avec résine/attelle. Si une prothèse tendineuse est utilisée, l’immobilisation pourra être moins longue ou non nécessaire. Cette prothèse ne peut pas être utilisée dans tous les cas, notamment en cas d’infection cutanée.
Atteinte partielle :
Un traitement chirurgical s’avère nécessaire si une plantigradie est notée. Dans ce cas le traitement chirurgical consiste à fixer l’articulation du tarse en extension comme décrit précédemment.
La résection du tendon touché lorsqu’il s’agit d’un tendon mineur peut également être réalisée.
Le pronostic après intervention chirurgicale est généralement favorable s’il n’existe pas de syndrome de Cushing concomitant.
Les principales complications sont :
L’activité doit être restreinte pendant 2 mois : l’animal doit être confiné à la maison avec des sortie en laisse, uniquement pour ses besoins. En fonction de la technique chirurgicale utilisée, la cheville peut être maintenue en extension pour éviter une tension sur le tendon le temps de sa cicatrisation. Si un fixateur externe a été mis en place, des soins particuliers seront à réaliser et vous seront expliqués par le vétérinaire. Le retrait du matériel orthopédique (vis ou fixateur externe) a lieu entre 6 et 8 semaines après la chirurgie, et peut être suivi par la mise en place d’un bandage. Suivant l’immobilisation, un suivi en physiothérapie peut être recommandé pour regagner en amplitude articulaire au niveau de la cheville.
1. Carmichael S & Marshall W (2012). Tarsus and metatarsus. In Veterinary Surgery. First edition (Tobias & Jonhston), Saunders CO, St Louis
2. Buttin, P., Goin, B., Cachon, T. & Viguier, E. Repair of Tendon Disruption Using a Novel Synthetic Fiber Implant in Dogs and Cats: The Surgical Procedure and Three Case Reports. Vet. Med. Int. 2020, 4146790 (2020).