24h/24 - 7j/7
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La moelle épinière correspond à un énorme câble électrique qui passe dans la colonne vertébrale comme un fil dans un collier de perles (les vertèbres). Entre chaque vertèbre, un disque formé d’un anneau fibreux et d’un noyau gélatineux (comme un fondant au chocolat !), permet d’articuler la colonne.
Si l’anneau du disque (la croûte du fondant au chocolat) vient à se déchirer, le noyau (le chocolat liquide) peut alors sortir : on parle alors de « hernie » discale.
Malheureusement, l’anneau (la croûte) est moins épaisse en regard de la moelle épinière ce qui fait qu’en cas de « hernie », c’est à dire de sortie du noyau, c’est elle qui se trouve comprimée car elle n’a pas beaucoup de place dans chaque vertèbre
Initialement, seul l’anneau se déchire ; l’animal présente alors des signes d’inconfort (il se déplace moins volontiers, a une démarche raide et le dos vouté ou la tête dans les épaules), voire des signes de douleur (cris spontanés, agressivité).
Puis le noyau sort vers la moelle ; si la moelle est un peu comprimée, l’animal a seulement des difficultés à se déplacer mais si la moelle est comprimée de façon plus sévère, l’animal se paralyse. Enfin si la moelle est extrêmement comprimée, l’animal ne ressent plus la douleur, ses membres sont anesthésiés.
Chez le chien, si la hernie discale se produit en bas de la colonne vertébrale, seuls les membres postérieurs sont atteints. Si la hernie discale se produit dans la région des épaules ou au niveau du cou, les 4 membres, antérieurs et postérieurs, sont touchés.
Certaines races de chien sont prédisposées à faire des hernies discales : Berger allemand, Bouledogue français, Caniche, Carlin, Cavalier king charles spaniel, Teckel par exemple.
C’est le vétérinaire qui a l’habitude de gérer ce genre de maladie et qui est bien équipé qui choisira l’examen le plus adapté. Contrairement à ce qui est fait en médecine humaine, tous ces examens sont réalisés sous anesthésie générale.
Si l’animal ne présente que de la douleur et n’a pas de signes de paralysie, le repos et les anti-inflammatoires peuvent suffire à résoudre le problème et le temps finit par faire cicatriser l’anneau du disque.
Par contre, en cas de signe de paralysie, seule une chirurgie permettra d’éviter une sortie encore plus importante du noyau et donc une aggravation parfois irréversible du degré de compression de la moelle.
La chirurgie au niveau cervical se fait par le dessous de la colonne alors qu’au niveau thoracique et lombaire elle se fait par le dessus. Le chirurgien doit avoir accès à la moelle et retirer ce qui la déforme. S’il y a des lésions à l’intérieur de la moelle (différence entre une hernie discale aiguë et chronique), il ne peut rien y faire car une moelle épinière ne se change pas !!!
Tout est une question de temps. Dans le cas d’une hernie discale aiguë, quelques heures ou jours auparavant, la moelle était normale puis une « irruption » du noyau discal est venu la percuter et la déformer d’où la paralysie. Ce type de hernie est douloureux. Dans ce cas le chirurgien doit rapidement la libérer mais il ne peut rien faire sur les dommages intérieurs à la moelle. C’est l’image du doigt coincé dans une porte que le chirurgien libère de la porte mais les lésions d’écrasement dans le doigt sont toujours là.
Dans le cas d’une hernie discale chronique, plus le temps passe, plus le disque sort et déforme la moelle ce qui demande des jours, des semaines, des mois… Voilà pourquoi ce type de hernie est peu douloureuse. Dans ce cas il y a bien une déformation de la moelle mais par contre, à l’intérieur de celle ci il n’y a pas d’hémorragie mais plutôt une disparition des fibres nerveuses et donc une atrophie. Le chirurgien peut réduire voire annuler la déformation mais la moelle restera à jamais atrophié.
Généralement, un animal qui n’a que « mal » au dos, avec un traitement conservateur (c’est à dire sans chirurgie) a de bonne chance de remarcher normalement.
Un animal qui a des difficultés à se déplacer ou marche sur la partie dorsale de ses doigts, a, s’il est opéré rapidement, de meilleures chances de remarcher que si il est traité avec uniquement des médicaments
Un animal totalement paralysé depuis moins de 48 heures a, théoriquement, encore plus de 50% de chance de remarcher si il est opéré immédiatement ; dans ces conditions c’est non seulement le degré de déformation de la moelle mais aussi l’état de la moelle à l’intérieure qui fait passer du bon coté ou du mauvais coté des 50%.
Enfin, un animal paralysé depuis plus de 2 jours et qui n’a pas, lorsqu’on lui pince les doigts de réaction qui prouve qu’il ressent bien la douleur, tombe à moins de 10% de chances qu’il remarche, même avec une chirurgie.
D’une façon générale, dès qu’il y a des déficits nerveux, il est toujours préférable d’intervenir chirurgicalement. Le CHV Frégis a une grande maîtrise de ces cas et de ces chirurgies puisque nous réalisons plusieurs centaines de ces opérations chaque année et ce, depuis des dizaines d’années.
Un animal opéré l’est dans les meilleures conditions d’anesthésie, d’asepsie et de technicité possible. Nous tenons particulièrement à parfaitement gérer la douleur que cette chirurgie peut occasionner durant les premières heures de réveil, c’est pourquoi un tel patient reste hospitaliser un minimum de 48 à 72 heures. Généralement la douleur est levée au delà et les premiers signes d’amélioration apparaissent soit durant l’hospitalisation soit dès les premiers jours de retour à la maison. Malheureusement l’exception confirme toujours la règle et occasionnellement il est nécessaire d’être plus patient ou de re-vérifier le travail du chirurgien par une nouvelle étape d’imagerie. La rééducation est rarement nécessaire dans une grande majorité des cas de hernie aiguë ; elle peut être proposée lors de hernie chronique car l’atrophie médullaire impose une récupération beaucoup plus lente.
L. Cauzinille :« Neurologie clinique du chien et du chat », Point vétérinaire, 2nde édition 2009
L. Cauzinille: « Imagerie médicale : Quand et comment utiliser le scanner et l'IRM lors de paralysie », Cauzinille L. Le nouveau particien vétérinaire N°20, 566-72, 2004
L. Cauzinille: « Comment traiter la hernie discale : traitement médical ou chirurgical, chez le chien et le chat », Cauzinille L. Le nouveau particien vétérinaire N°19, 295-99, 2004