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La sténose aortique chez le chien est une cardiopathie congénitale relativement fréquente (environ 12 à 14 % des cas de malformation du cœur chez le chien).
La sténose aortique du chien est due à un rétrécissement de la base d’un gros vaisseau qui part du cœur (et plus exactement du ventricule gauche), appelé aorte. C’est le vaisseau qui envoie le sang du ventricule gauche dans tout l’organisme.
La sténose peut être localisée au niveau de la valve, située entre la « sortie du cœur » et la
base de ce vaisseau (ou
), mais, le plus souvent chez le chien, l’obstruction est due à une bride fibreuse située avant la valve et formant parfois un véritable tunnel (Photo n°1).
On parle alors de sténose sous-aortique. Le « rétrécissement », ou sténose, gène le passage du sang. Il s’en suit un excès de travail pour le ventricule gauche qui fini par se fatiguer et être responsable du développement d’une insuffisance cardiaque gauche.
Les symptômes varient selon le degré de sténose, l’âge et les modifications induites par l’affection sur la fonction cardiaque. Dans les formes les plus graves, les symptômes peuvent apparaître dès l’âge de 5 à 6 mois alors que certaines formes modérées seront bien tolérées pendant plusieurs années.
Les symptômes sont ceux d’une insuffisance cardiaque gauche tels que : fatigue à l’effort, syncopes, … Des « crises cardiaques » sous forme d’une mort subite ne sont pas exceptionnelles.
Si les symptômes remarqués par le propriétaire peuvent être tardifs, la suspicion par le vétérinaire est normalement très précoce. En effet, cette anomalie cardiaque est à l’origine d’un souffle qui est présent chez le chiot. Il est classiquement détecté lors du premier examen pré-vaccinal. Un souffle cardiaque chez un chien peut avoir de nombreuses significations et doit être systématiquement exploré.
Lors de la détection du souffle cardiaque, il faudra, dans un premier temps, déterminer la nature de la maladie cardiaque responsable du souffle entendu (ici une sténose aortique) et, dans un deuxième temps, évaluer les conséquences de la sténose aortique sur le fonctionnement du cœur, c’est-à-dire déterminer le degré d’insuffisance cardiaque.
Le souffle cardiaque de sténose aortique ne présente pas de caractères spécifiques suffisants pour répondre à ces questions et son intensité est mal corrélée à la gravité.
Divers examens complémentaires sont donc indispensables : radiographies (avec ou sans préparation), électrocardiogramme et surtout échocardiographie et Doppler.
La radiographie (Photo n° 2) peut permettre de voir des déformations de l’aorte et des cavités cardiaques gauches mais aussi des complications de l’insuffisance cardiaque (œdème pulmonaire par exemple).
L’électrocardiogramme mettra en évidence un éventuel trouble du rythme cardiaque.
L’échocardiographie et le Doppler sont incontournables pour établir le diagnostic différentiel avec d’autres malformations cardiaques mais aussi de déterminer la gravité de l’atteinte (photos n°3, 4 et 5).
A ce jour, il n’existe pas en pratique vétérinaire de technique chirurgicale permettant de corriger dans des conditions médicales et économiques satisfaisantes cette malformation du cœur.
Il n’existe pas non plus de traitement « médicamenteux » de la sténose aortique. En revanche, si des symptômes d’insuffisance cardiaque gauche sont identifiés, si des troubles du rythme sont présents, … certains médicaments pourront très significativement améliorer la qualité de vie du chien.
Un traitement préventif destiné à limiter des risques de mort subite peut, dans certains cas, être prescrit.
La sténose aortique est une cardiopathie congénitale qui touche de nombreuses races de chiens. Les races les plus fréquemment touchées sont le Berger Allemand, le Boxer, le Golden retriever, le Rottweiler et le Terre-Neuve. Mais on rencontre également des sténoses aortiques chez le Basset Hound, le Border Terrier, le Braque Allemand, le Bull Terrier, le Bulldog, le Carlin, le Dogue allemand, le Dogue de Bordeaux, le Fox Terrier, le Pointer, le Samoyède, le Schnauzer, le Springer Spaniel, le Welsh Corgi et le West Highland White Terrier.
Une origine génétique est prouvée chez le Terre-Neuve. La transmission se ferait selon un mode autosomique dominant à expression variable ou un mécanisme polygénique. L’hérédité est fortement suspectée dans d’autres races. Il est donc déconseillé de faire reproduire les chiens atteints de sténose aortique.
CORLOUER JPh – Les cardiopathies - In : Rousselot JF, Corlouer JP et coll. - La cardiologie au quotidien – Guide pratique Vétoquinol – 2010, 156
CORLOUER JPh – Diagnostic des cardiopathies congénitales : toujours plus précis ? – AFVAC, Strasbourg, 28-30 novembre 2008
CORLOUER JPh – Que faire d’un chiot atteint de cardiopathie congénitale ? – Journées vétérinaires Toulousaines – AFVAC – Toulouse 24 et 25 mars 2007
CORLOUER JPh – La sténose sous-aortique chez le chien. Le point Vétérinaire, Numéro spécial : Actualités thérapeutiques en cardiologie du chien et du chat, 2002, 54-57.