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On appelle œdème pulmonaire la présence de liquide dans les poumons.
Les poumons sont les organes permettant l’oxygénation du sang et sont donc remplis de l’air que le chat inspire.
Le cœur et les poumons sont reliés entre eux par les vaisseaux sanguins. En cas de maladie cardiaque évoluée touchant la partie gauche du cœur (par exemple lors de myocardiopathie hypertrophique ou CMH, l’augmentation de la pression intracardiaque est transmise aux poumons par les vaisseaux sanguins. Cette augmentation de pression fait sortir du liquide (ressemblant à de l’eau) des vaisseaux sanguins dans les poumons, c’est ce qu’on appelle un œdème pulmonaire. Comme cette eau provient d’un mauvais fonctionnement du cœur (aussi appelé insuffisance cardiaque ), on dit que l’œdème pulmonaire est d’origine cardiaque ou cardiogénique.
D’autres causes non reliées à un problème cardiaque peuvent donner un œdème pulmonaire, elles ne seront pas détaillées ici (neurologiques, intoxications, …).
Tous les chats, de toutes les races peuvent présenter un jour un œdème pulmonaire cardiogénique s’ils sont atteints d’une maladie cardiaque touchant le cœur gauche.
Chez le chat, ces maladies touchent le plus fréquemment le muscle cardiaque et sont appelées myocardiopathies.
Un chat présentant de l’œdème pulmonaire a moins d’air dans les poumons pour respirer qu’un chat normal (cet air étant remplacé par du liquide). Le premier signe d’appel sera donc une respiration plus rapide et plus difficile (mouvements respiratoires augmentés) avec éventuellement une respiration «gueule ouverte».
A l’inverse du chien, le chat présente peu fréquemment de la toux secondairement à un œdème pulmonaire.
Radiographie du thorax chez un chat en oedème pulmonaire cardiogénique. Le chat est couché sur le côté. Le coeur est de taille augmentée et ses contours ne sont pas nets en raison de l’oedème. On peut également voir des poumons anormaux (*), apparaissant blancs, signe de présence de liquide à l’intérieur des alvéoles pulmonaires.
La première étape consiste en la réalisation d’un examen clinique rigoureux en accordant une attention particulière au système cardiovasculaire. Il permet d’évaluer la fréquence respiratoire et l’auscultation des bruits respiratoires. En cas d’oedème pulmonaire sévère, des anomalies appelées crépitements peuvent être entendues.
L’auscultation cardiaque pourra parfois permettre de révéler la présence d’un souffle cardiaque et de le caractériser (intensité, localisation).
Mais attention, chez les chats, l’absence de souffle cardiaque à l’auscultation ne permet pas d’exclure une maladie cardiaque.
Dans un second temps, parfois après stabilisation du chat avec des médicaments, des examens complémentaires devront être réalisés afin de confirmer la présence de l’œdème et sa sévérité.
Des clichés radiographiques du thorax mettront en évidence la présence de lésions pulmonaires. Ces lésions sont secondaires à l’eau contenue dans les poumons et donneront un aspect «blanc» aux poumons à la place de leur apparence normale «noire».
Dans le cas de l’œdème pulmonaire d’origine cardiaque, la taille du cœur pourra être augmentée mais de façon beaucoup moins fréquente que chez le chien, le chat étant atteint dans la majorité des cas d’une pathologie cardiaque entraînant une hypertrophie des parois du cœur et non une dilatation des cavités.
Une échocardiographie permettra de déterminer de quelle maladie cardiaque souffre le chat et son stade ou, si la maladie était déjà connue, son évolution par rapport au dernier examen. Cet examen est donc primordial pour la mise en place du traitement après la crise.
Radiographie du thorax chez le même chat que sur la Figure 1 mais après l’administration de traitement médicamenteux et d’oxygène en soins intensifs. On peut voir sur cette vue en comparaison avec la précédente que les poumons sont noirs (**), signe de présence normale d’air dans les poumons. Les contours su coeur sont également mieux visibles.
Le traitement de l’œdème pulmonaire cardiogénique du chat doit s’effectuer en deux étapes et dépend de la sévérité de l’œdème (donc de la quantité d’eau présente dans les poumons) :
Pour les chats chez qui une maladie cardiaque est connue et qui sont régulièrement suivi par un cardiologue vétérinaire, les examens réguliers peuvent mettre en évidence la présence d’un œdème pulmonaire débutant et donc de le traiter efficacement dès son apparition, avant la crise aiguë. Le plus souvent, ces chats ne devront pas être hospitalisés, une adaptation du traitement et la surveillance pourront être faites à la maison.
Le pronostic de l’œdème pulmonaire cardiogénique chez le chat dépend de la sévérité de l’œdème et du stade de la maladie cardiaque qui en est responsable.
Les signes cliniques d’un œdème pulmonaire peuvent être très impressionnants mais se stabiliser rapidement sous traitement en hospitalisation. Le chat rentrera ainsi chez lui plusieurs jours après son hospitalisation avec un traitement pour le cœur. Il est donc nécessaire de laisser du temps au chat de se stabiliser de sa crise aiguë avant de se prononcer sur le pronostic.
Des contrôles réguliers des chats connus comme étant insuffisants cardiaques permettent très souvent d’anticiper la crise aiguë et donc d’éviter une prise en charge plus lourde.
Boswood A. Heart failure. In: Textbook of Veterinary Internal Medicine 8th. Elsevier. Missouri USA: Ettinger S.J., Feldman E.D., Côté E.; 2016