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Les dégénérescences héréditaires de la rétine chez le chat correspondent aux dystrophies, et dysplasies des cônes et/ou des bâtonnets (cellules photoréceptrices de la rétine). Elles sont d’origine héréditaire.
Les dégénérescences héréditaires de la rétine sont relativement rares chez le chat. Cette affection se présente sous différentes formes.
Les premiers rapports concernent trois chats persans en 1963. Une colonie de chats atteints a été élaborée à des fins de recherche clinique à partir de ces individus, mais aucun nouveau cas n’a été rapporté dans cette espèce à l’état « sauvage ». Quelques cas de dégénérescence supposée héréditaire ont été rapportés chez des chats domestiques de type européen, et plus récemment (1996), un rapport concernant 26 chats a été publié ; la race siamoise y était plus représentée que les autres, mais une cause médicamenteuse toxique n’a pas pu être exclue pour expliquer l’origine de ces cas de dégénérescence rétinienne.
Une dysplasie des cônes et des bâtonnets de la rétine, aussi appelée « Rdy » a été identifiée. Elle est en particulier bien décrite chez l’Abyssin et le Somali. C’est une forme rare. Elle est la conséquence d’une mutation sur le gène CRX. Les chats porteurs d’un seul gène muté (ou de deux) présentent un retard de développement et une dégénérescence des photorécepteurs.
Il s’agit d’une affection héréditaire selon un mode autosomique et dominant.
Les chatons atteints présentent des signes de gêne visuelle (pupilles en mydriase, nystagmus) dès l’âge de 4 semaines. Les premières lésions identifiables à l’examen du fond d’œil apparaissent vers l’âge de 8 à 12 semaines. La progression de la dégénérescence rétinienne est rapide vers l’atrophie jusqu’à l’âge d’un an. Elle touche à la fois les cônes et les bâtonnets. A cet âge, la cécité est quasiment complète
Des travaux ont mis en évidence une mutation (IVS50 + 9T>G, allèle rdAc) sur le gène CEP290, associée à une forme d’atrophie rétinienne progressive.
Le mode de transmission héréditaire de cette affection est autosomique et récessif. Seuls les chats porteurs de deux copies du gène muté sont atteints. Les porteurs d’une seule copie de la mutation ont une vision normale mais contribuent à la dissémination de la maladie.
Cette forme aussi appelée rdAc (retinal degeneration in Abysinian cats, du nom de la mutation à l’origine de la maladie) est bien décrite chez l’Abyssin mais également le Somali et l’Ocicat.
Typiquement, la maladie débute vers l’âge d’un an et demi à deux ans. Elle évolue jusqu’à une forme d’atrophie complète de la rétine (à l’origine d’une cécité) deux à quatre ans après le début de l’affection, donc chez des animaux adultes. Toutefois, l’évolution de la maladie peut être assez variable d’un individu à l’autre.
L’examen électrorétinographique (évaluation du fonctionnement de la rétine) présente des anomalies dès l’âge de 8 à 12 semaines. Des examens histologiques de rétine de chats atteints montrent une désorganisation des bâtonnets (vision crépusculaire) dès l’âge de 5 mois, et des cônes (vision diurne) à l’âge de 12 mois.
Des études récentes montrent que la mutation rdAc à l’origine de l’affection est observée à des fréquences modérées chez la race Abyssine en Europe et en Australie. Toutefois, la mutation génétique rdAc a également été très récemment observée à une fréquence relativement importante chez d’autres races de chat que l’Abyssin et le Somali en Amérique du Nord et en Europe. Ainsi, elle a été retrouvée dans de nombreuses races (American Curl, American Wirehair, Balinais, Bengal, Colorpoint à poils courts, Javanais, Munchkin, Ocicat, Oriental à poils courts, Peterbald, Rex Cornish, Siamois, Singapour, Somali, Tonkinois), et elle était particulièrement fréquente chez le Siamois et les races apparentées, et notamment chez les individus de cette race à la face très anguleuse.
Néanmoins dans notre expérience, des cas de dégénérescences de rétine d’origine potentiellement héréditaire ont été identifiées chez très peu d’individus (en dehors de la race Abyssin).
Les premiers signes de la forme « rdAc » peuvent être détectés par électrorétinographie à partir d’environ 12 semaines d’âge.
Pour les formes « rdAc » et « Rdy », il existe des tests génétiques de dépistage dont l’interprétation est différente :
Test CRX PRA-Rdy : ce test ne détecte que la forme « Rdy ». Il est à utiliser avant tout dans les races Abyssin et Somalie.
Test CEP290 PRA-rdAc : ce test ne détecte que la forme « rdAc » et est utilisable dans les races citées précédemment.
Dans les races à risque, les tests de dépistages sont vivement conseillés avant une mise à la reproduction des mâles et des femelles.
Il n’y pas actuellement de traitement de l’atrophie rétinienne progressive.
Menotti-Raymond M, David VA, Schäffer AA, Stephens R, Wells D, Kumar-Singh R, O'Brien SJ, Narfström K. Mutation in CEP290 discovered for cat model of human retinal degeneration. J. Hered. 2007 May-Jun; 98(3):211-20.
Menotti-Raymond M, Deckman KH, David V, Myrkalo J, O'Brien SJ, Narfström K. Mutation discovered in a feline model of human congenital retinal blinding disease. Invest Ophthalmol Vis Sci. 2010 Jun; 51(6):2852-9.
Menotti-Raymond M, David VA, Pflueger S, Roelke ME, Kehler J, O'Brien SJ, Narfström K. Widespread retinal degenerative disease mutation (rdAc) discovered among a large number of popular cat breeds. Vet J. 2009 Sep 9.