A modified approach to portal placement for arthroscopic management of osteochondritis dissecans lesions of the tarsocrural joint in 15 dogs (19 tarsi).
« Cruciani, Gros, Ragetly Vet Sur, Jan 2025 »
Veterinary surgery, 2025.
Benoît Cruciani DVM, DECVS, Lucile Gros DVM, DECVDI and Guillaume Ragetly DVM, DACVS (Small Animal), ECVS, PhD.
Par le Dr Marie Fournier, résidente en chirurgie au CHV Frégis
Introduction
L’ostéochondrite disséquante (OCD) du tarse est une affection rare qui touche principalement la trochlée médiale du talus (dans 75% des cas), et concerne surtout les chiens de races de format moyen à grand, tels que les Retrievers et Rottweilers, avec une prédisposition marquée chez les femelles. Le diagnostic de précision repose principalement sur la tomodensitométrie, plus précise que la radiographie.
La prise en charge thérapeutique reste débattue. Les auteurs considèrent que la chirurgie précoce pourrait être bénéfique par arthroscopie mais pas par arthrotomie, trop invasive. L’arthroscopie permet un traitement plus précis et surtout moins invasif que l’arthrotomie. Toutefois, les techniques actuelles d’arthroscopie, inspirées d’articulations plus larges, ne sont pas toujours adaptées au tarse.
Cette étude propose une nouvelle approche chirurgicale par arthroscopie et vise à en évaluer les résultats cliniques à différents termes.
Matériel et méthode
L’étude a été réalisée au Centre Hospitalier Vétérinaire Frégis incluant les dossiers de 15 chiens. Au total, 19 tarses ont été traités par arthroscopie entre 2017 et 2022. Un suivi détaillé à court, moyen et long terme a été réalisé.
Cette technique arthroscopique modifiée consiste à placer les deux ports (caméra et instrument) du même côté que la lésion d’OCD, ce qui est inhabituel mais parait mieux adapté à l’étroitesse de l’articulation du tarse. Cette technique est utilisée pour retirer les fragments et faire un curetage léger. Tous les chiens sont ensuite suivis sur le long terme.
Résultats
Parmi les 15 chiens, 4 étaient des mâles entiers et 11 des femelles (dont 7 stérilisées). La moyenne d’âge était de 1,2 an avec un poids moyen de 27,1 kg.
Les races suivantes ont été recensée ce qui nous donne une idée des predisposition en France : Golden retriever (4), American staffordshire terrier (2), Labrador retriever (2), American bulldog (1), Belgian malinois (1), Border collie (1), Cane corso (1), French bulldog (1), Rottweiler (1), Staffordshire bull terrier (1).
Sur le plan chirurgical, les deux ports (optique et instruments) étaient placés du même côté que la lésion, ce qui a permis un bon accès aux fragments, tout en respectant les structures articulaires. Pour 17 cas, tous les fragments (souvent plusieurs par tarse) ont été retirés sans complication, pour deux cas une mini-arthrotomie ou une mini-ténotomie a été nécessaire étant donné la taille des fragments.
A court terme (moins de 6 mois), la majorité des chiens ont présenté une nette amélioration de la boiterie.
A long terme (plus de 12 mois), les données étaient disponibles pour 14 chiens (17 tarses). Parmi eux, 8 chiens ont retrouvé une fonction articulaire excellente, 3 une fonction acceptable et 3 présentaient encore une fonction jugée insatisfaisante, d’après l’évaluation clinique et les questionnaires remplis par les propriétaires (CBPI et VAS).
Une progression de l’arthrose a été observée radiographiquement dans la plupart des cas opérés.
Conclusion
Cette technique d’arthroscopie modifiée est une approche efficace et peu invasive pour traiter l’OCD du tarse chez le chien. Elle a permis une excellente (57%) ou bonne (21,4%) récupération fonctionnelle dans la majorité des cas, avec très peu de complications peropératoires et postopératoires. Ces résultats (78,4% de bons ou excellents résultats) sont bien meilleurs que les précédentes approches chirurgicales.
Cependant, la progression de l’arthrose est fréquente à long terme, mais la qualité de vie et la mobilité des chiens s’en trouvent nettement et durablement améliorées et nous permet de revoir le pronostic catastrophique que l’OCD du tarse avait auparavant pour beaucoup de chirurgiens.