

Le méningiome est la tumeur la plus fréquente (plus de 50%) des processus néoplasique cérébraux qui touchent le chat.
L’IRM de l’encéphale permet de mettre en évidence des images fortement évocatrices. Celui-ci apparait comme une lésion focale, bien délimitée, à base large ; apparaissant iso à hypointense en pondération T1, hétérogène iso à hyperintense en pondération T2. Un rehaussement homogène et diffus de la lésion est très souvent présent après injection de contraste.
Ces tumeurs bénignes ont une croissance lente, bien circonscrite et s’interfacent entre le cerveau et la boite crânienne souvent accessible pour exérèse chirurgicale.
La survie obtenue après chirurgie est de l’ordre de 2 à 3 ans c’est pourquoi la chirurgie reste le traitement de choix. Cependant la chirurgie n’est pas sans risque et peut être proposée que si la localisation, la taille, l’importance des signes cliniques et les comorbidités du patient le permettent. Le taux de mortalité post opératoire dans les 24h reste de l’ordre de 6 à 19% et le taux de récidive de 12 à 21% (Cameron 2015, Gordon 1994).
La radiothérapie conventionnelle (plus de 10 séance) donne de moins bons résultats que la chirurgie stéréotactique (SRT) qui minimise l’exposition des tissus adjacents et permet d’applique une dose rayonnante plus forte en un moindre nombre de séquence (1 à 3 ). Cependant le temps avant récidive après SRT est de d’un peu moins d’un an alors qu’il est de plus de 3 ans après chirurgie. Cette technique est certainement à réserver au cas non résécables car peu accessibles, aux chat à forte comorbidité ou aux propriétaires refusant la chirurgie.
Sur une étude de 61 cas (Tichenor 2023) , l’âge moyen était de 11,5 ans , le plus jeune ayant 5 ans. Le motif de présentation clinique le plus courant reste le changement de comportement et de l’état d’éveil (73%), puis viennent des déficits des nerfs crâniens (68%), des troubles locomoteurs (59%) et les manifestations épileptiformes (23%). Ces signes sont décrits par les propriétaire comme apparus depuis 28 à 406 jours ce qui décrit bien la subtilité d’apparition et la lenteur d’évolution de ces tumeurs. La localisation la plus fréquente est le prosencéphale (87%) et plus rarement le cervelet (7%) ou le troc cérébral (5%). La médiane de survie dans cette étude était de 3,6 ans (exceptionnelle) et le taux de récidive ou d’apparition d’une autre tumeur de 30% (anormalement important). Sur une autre étude de 14 cas, les signes préopératoires ont disparu dans 95% des cas (Kock 2023).
Ces 4 dernières années, 10 chats ont été diagnostiqués avec un méningiome résécable dans notre hôpital pour qui les propriétaires ont accepté une chirurgie. Tous ont une subi une craniotomie mini invasive sans cranioplastie (reconstruction de la boite crânienne). De nombreux autres avaient soit une masse non atteignable , soit une propriétaire n’optant pas pour l’option chirurgicale.
Plus de 50% des chats présentés étaient de type européen, les mâles castrés étaient surreprésentés et comptaient pour plus de 80% des chats. L’âge d’apparition des premiers signes nerveux s’étendait de 8 à 14 ans.




La durée médiane d’évolution des signes cliniques avant la consultation dans notre service de neurologie était de 34 jours. Concernant les anomalies identifiées lors de l’examen nerveux, 60% des chats présentaient de la marche en cercle. Cette anomalie clinique était la plus importante, suivi par une absence de réponse à la menace chez 45% des chats. D’autres anomalies ont aussi été mise en évidence chez 10 à 30% des chats en moyenne, comme une démarche ataxique, une démarche compulsive, une atteinte d’un hémicorps, de l’hypovigilance, un syndrome d’hémi inattention, des déficits proprioceptifs aux 4 membres ou une ventroflexion.
Lors de la réalisation de l’IRM, toutes les lésions étaient focales et présentaient les caractéristiques typiques d’un méningiome. Ces lésions étaient de forme arrondie ou ovoïde, bien délimitée, avec une base large. Apparaissant iso à hypointense en T1, hétérogène iso à hyperintense en T2. En post contraste, ces lésions rehaussaient de manière homogène et intense. Les méningiomes ont été identifiés dans toutes les localisation crânienne mais avec une prédisposition pour le lobe occipital dans 45% des cas.
Après la prise en charge chirurgicale, moins de la moitié des chats présentaient des anomalies à l’examen général ou à l’examen nerveux. Les signes présentés étaient caractérisés par : un état stuporeux, de la marche en cercle, une atteinte sur un hémicorps, de l’hypovigilance ou de l’anorexie.
Lors des 48 premières heures post opératoires, 2 chats sur les 11 sont décédés aux soins intensifs ; l’un, des suites d’épisodes d’hypertension intracrânienne non normalisable suivi d’un arrêt respiratoire puis cardiaque et l’autre, des suites d’une hypotension et d’une bradycardie ne répondant pas aux mesures de réanimation.
Un suivi à moyen terme est disponible pour 7 chats sur les 11 ; sur ces 7 chats, 4 ont bénéficiés d’un examen d’imagerie de contrôle (IRM ou scanner). Chez 2 de ces chats, l’examen nerveux à 6 mois post chirurgie ne montrait pas d’anomalie et l’IRM de l’encéphale montrait uniquement des lésions post chirurgicales de craniotomie (lésion cicatricielle ne rehaussant pas après injection de contraste).
Chez les 2 autres chats, l’examen nerveux était normal mais le scanner ou l’IRM de contrôle à 6 mois montrait une récidive locale du méningiome, en regard du site de craniotomie. Un seul de ces deux chats a subi une deuxième craniotomie permettant de retirer un nouveau méningiome de type psammomateux.
Concernant les 3 chats suivi sans examen d’imagerie. L’un des chats présentait des déficits proprioceptifs persistants aux membres pelviens, qui se caractérisaient par une incapacité à sauter correctement lors du contrôle à 1 an. Les deux autres chats n’ont pas montré de signes d’atteinte nerveuse.








Conclusion
L’indication chirurgicale reste la première option thérapeutique lors de méningiome accessible chez le chat. Meilleure est la condition pré-opératoire de l’animal avant le jour de la chirurgie, meilleur est le post opératoire. Sur les animaux à troubles nerveux très avancés (signes d’augmentation de la pression intracrânienne) il est essentiel de bien les stabiliser médicalement sous corticoïdes et antiépileptique avant trépanation pour minimiser le risque de mortalité.