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La testicule ectopique chez le chien (à traduire du latin par « testicule caché ») est définie par l’absence de descente dans le scrotum d’un ou des deux testicules. Le terme monorchidie, souvent utilisé à tort pour définir la présence d’un seul testicule en position scrotale, définit en réalité l’absence de développement d’un testicule (lorsque les 2 testicules ne se sont pas développés, on parle d’anorchie).
Durant la vie embryonnaire, les testicules sont localisés dans l’abdomen, à proximité des reins, et sont reliés au scrotum par une fine bande fibreuse appelée le « gubernaculum testis ». Leur descente en position scrotale a lieu durant le développement fœtal, grâce à la traction exercée par le gubernaculum testis. Dans certains cas, ce mécanisme ne se fait pas correctement et un ou deux testicules peuvent rester en position intra-abdominale.
La localisation du testicule non descendu est très variable, il peut se trouver en région abdominale, inguinale, pré-scrotale, ou sous cutanée. L’atteinte peut être unilatérale (le plus souvent) ou bilatérale. Certaines études suggèrent que le coté droit pourrait être plus fréquemment atteint. L’incidence de cette pathologie chez le chien varie de 1,2 à 12,9%.
Des prédispositions raciales sont décrites chez le Berger allemand, le Bulldog anglais, le Caniche, le Chihuahua, le Husky Sibérien, le Pomerian, le Schnauzer miniature, le Shetland, le Teckel et le Yorkshire, notamment.
Une composante héréditaire avec une transmission polygénique autosomique et récessive, partiellement liée au sexe, est fortement suspectée, mais non démontrée. C’est pourquoi il est conseillé de ne pas faire reproduire les animaux atteints.
Les animaux atteints de cryptorchidie bilatérale sont habituellement stériles, car les testicules en position intra-abdominale ne sont pas capables de produire des spermatozoïdes « fonctionnels ». Cependant, la production de testostérone est maintenue.
Les animaux atteints de cryptorchidie unilatérale sont fertiles, mais dans une moindre mesure que les animaux « normaux ». Ces patients ont un taux de testostérone moins important, moins de libido, une fonction érectile moins importante, un éjaculat de plus faible quantité, et des spermatozoïdes moins « fonctionnels ». De plus, la présence d’un testicule ectopique peut avoir une influence négative sur la fonctionnalité du testicule en place.
Les complications liées à la cryptorchidie sont essentiellement associées au risque de dégénérescence tumorale et de torsion testiculaire, à l’origine de douleurs abdominales d’apparition brutale et importantes. Le risque de développement tumoral sur un testicule ectopique est d’environ 10% chez le chien. Le risque d’apparition d’une tumeur testiculaire chez les chiens atteints de cryptorchidie est selon les auteurs de 9,2 à 13,6 fois plus élevé.
En théorie, les testicules doivent être complètement descendus dès 30 à 40 jours après la naissance. Cependant, des variabilités raciales existent, et une descente prolongée est rapportée dans certaines races. C’est pourquoi il est considéré qu’un diagnostic définitif de cryptorchidie ne peut se faire qu’à partir de 6 mois de vie.
Localiser un testicule non descendu peut s’avérer difficile. Lorsqu’il se trouve en position inguinale ou pré-scrotale, une palpation manuelle de la zone peut permettre de le mettre en évidence. Sinon, une échographie de l’abdomen permet le plus souvent de le localiser. Lorsque les 2 testicules ne sont pas descendus, il peut être utile de réaliser des dosages hormonaux afin de différencier une cryptorchidie bilatérale d’une anorchie(absence de développement des 2 testicules).
Chez les chiens de moins de 3 mois, un traitement hormonal visant à favoriser la descente du testicule peut être envisagé, mais l’efficacité de ce traitement est controversée, et reste relative. Elle donnerait des résultats satisfaisants dans la moitié des cas. Enfin, même si le traitement médical fonctionne, il est vivement recommandé de ne pas faire reproduire les animaux atteints, car le risque de transmission de l’anomalie à la descendance est important.
Lorsque le testicule ectopique est localisé, le retrait chirurgical de celui-ci est vivement recommandé, et une analyse histologique doit être réalisée. Idéalement, s’il est en place, le 2ème testicule doit également être retiré. Le retrait chirurgical peut se faire de façon classique si le testicule est en position sous cutanée. En revanche, si celui-ci est localisé dans l’abdomen, l’intervention peut se faire de façon avantageuse sous coelioscopie. Cette technique chirurgicale, dite mini-invasive, permet de visualiser l’intérieur de l’abdomen à l’aide d’une micro-caméra, de passer des instruments chirurgicaux par une toute petite ouverture et retirer le ou les testicules ectopiques. Plus confortable pour l’animal que la chirurgie classique, cela évite ainsi toute cicatrice chirurgicale et le port de la collerette après l’intervention.
Le pronostic est bon après retrait des testicules, mais une période de repos de quelques jours est cependant à respecter.
HA Towle. Testes and scrotum. In : Tobias KM, ed, Veterinary surgery, small animal. First ed. Philadelphia : Saunders Co ; 2013 : 1903 – 1916